dimanche 28 juillet 2013

60000 milliards, une paille, comparé aux 400000 milliards que va couter la pollution à l'économie

Méthane: le dégel de l'Arctique pourrait coûter 60.000 milliards, le PIB mondial de 2012

Cette bombe économique et écologique pourrait également avancer de 15 ans à 35 ans la date à laquelle le réchauffement climatique atteindra 2°C.



Pendant que les Français s’écharpent pour savoir s’il faut explorer, voire exploiter, le gaz de schiste qui dort sous nos pieds, une autre source de méthane risque fort, elle, de ne pas attendre une décision gouvernementale pour se répandre dans l’atmosphère.

Les chercheurs préviennent depuis des années qu’une bombe climatique à retardement se trouve dans les immenses quantités de méthane emprisonnées dans la terre gelée du Grand Nord, le permafrost, mais également au fond des mers. Là, la décomposition de la matière organique a créé de petites bulles de gaz qui sont restées piégées pendant des millions, voire des milliards d’années.

Plus le réchauffement climatique progresse, plus le tic-tac de cette bombe s’accélère. En particulier en raison du dégel de l’Arctique, beaucoup plus rapide que prévu.

Désormais, les économistes se penchent sur la question et publient leurs résultats dans la revue Nature du 25 juillet 2013. Leur article note que l’Arctique pourrait contenir une part considérable des ressources naturelles qui restent à découvrir: 30% pour le gaz et 13% pour le pétrole. Un trésor qui attise d’autant plus les convoitises que le réchauffement ouvre des voies d’accès nouvelles (passage du Nord-Est).

Selon les trois auteurs de l’article, universitaires de Cambridge et Rotterdam, l’assureur Lloyds de Londres estime à 100 milliards de dollars les investissements qui seront réalisés dans l’Arctique au cours des 10 prochaines années. Avec de nombreux risques de dommages environnementaux, comme les marées noires, dans cette région encore largement blanche et vierge.

Néanmoins, ces calculs négligent un facteur qui pourrait être déterminant: le coût de la fonte de l’Arctique. En libérant l’accès à ses trésors enfouis, le Grand Nord pourrait libérer un poison climatique qui coûtera beaucoup plus cher que le pactole de quelques décennies supplémentaires d’approvisionnement en gaz et en pétrole.

Gail Whiteman, Chris Hope et Peter Wadhams ont tenté d’évaluer, en utilisant le modèle baptisé PAGE9 déjà exploité par le rapport Stern de 2006, sur l'économie du changement climatique, le coût du relâchement de méthane dans l’atmosphère par le permafrost de l’Arctique. Résultat: 60.000 milliards de dollars, soit un ordre de grandeur équivalent au PIB mondial de 2012 (70.000 milliards de dollars). Et les chercheurs de préciser que le coût total du changement climatique de l’Arctique, région pivot pour l’ensemble des écosystèmes terrestres dont les océans, «sera nettement supérieur».

Glace fondue et bulles de méthane en Alaska - Photo: Igor Semiletov -University of Alaska Fairbanks

Quelque 50 gigatonnes de méthane seraient stockées sous forme d’hydrates dans la partie est de la Sibérie arctique. Or, l’impact de ce gaz sur l’effet de serre est de 20 à 25 fois supérieur à celui du CO2. Pour les trois chercheurs, les rejets de méthane pourrait avancer de 15 à 35 ans la date à laquelle le réchauffement climatique atteindra 2°C par rapport aux températures de la période préindustrielle. D’où le surcoût de 60.000 milliards de dollars qui représentent 15% des coûts totaux attribués à l’ensemble des impacts du changement climatique (400.000 milliards de dollars).

«Les conséquences économiques seront distribuées sur l’ensemble de la planète mais les modèles montrent que 80% d’entre eux affecteront les économies les plus pauvres en Afrique, en Asie et en Amérique du sud», estiment les chercheurs. Les rejets de méthane aggraveront les inondations des régions de faible altitude, les chocs thermiques extrêmes, les sécheresses et les tempêtes.

Ces calculs sont sans doute loin de donner une image précise de ce qui va réellement se produire. Ils ont le mérite de tirer, une nouvelle fois, le signal d’alarme pour que les dirigeants et les économistes soient prévenus et évitent de négliger un facteur déterminant pour l'avenir.

Par Michel Alberganti

jeudi 25 juillet 2013

Inscrivez vous à l'étude Nutrinet Santé et participez en tant que Végétariens !

Pourquoi mettre en place en France une cohorte de 500 000 volontaires sur les relations Nutrition-Santé ?

https://www.etude-nutrinet-sante.fr/fr/common/login.aspx

De nombreuses études scientifiques (chez des malades ou volontaires sains, au niveau des populations, ou sur des modèles animaux ou cellulaires) ont mis en évidence le rôle joué par la nutrition comme facteur de protection ou de risque des maladies les plus répandues en France, comme dans l’ensemble des pays industrialisés, qu’il s’agisse des cancers, des maladies cardiovasculaires, de l’obésité, du diabète de type 2, des dyslipidémies, de l'hypertension artérielle…
La nutrition n’est pas le seul déterminant de ces problèmes de santé. En effet, des facteurs génétiques, biologiques et environnementaux interviennent dans l’apparition de ces maladies. Pour mettre en évidence le rôle spécifique des facteurs nutritionnels, il est indispensable de développer les études de « cohorte » (groupe de sujets suivis pendant plusieurs années) portant sur de très grandes populations. Au travers de ce type d’étude, on peut ainsi mesurer de façon précise les apports alimentaires mais aussi prendre en compte les autres déterminants, tels que l’activité physique, le poids, le tabagisme, les antécédents familiaux… et regarder les liens avec la santé et le risque de maladies.

Identifier des facteurs de risque ou de protection liés à la nutrition, pour les maladies qui sont devenues aujourd’hui des problèmes majeurs de santé publique, constitue une étape indispensable pour établir des recommandations nutritionnelles visant à prévenir ces maladies et à améliorer la santé des populations.
Tel est l’objectif ambitieux de l’étude NutriNet-Santé et voilà pourquoi les chercheurs ont besoin de vous !

https://www.etude-nutrinet-sante.fr/fr/common/login.aspx

mercredi 3 juillet 2013

Accident nucléaire en France, avez vous été prévenu ?

Civaux: évacuation d'un réacteur après un pic inexpliqué de radioactivité


Les réacteurs de la centrale nucléaire de Civaux Alain Jocard AFP

Bordeaux - Le réacteur numéro un de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne) a été évacué jeudi après le déclenchement concomitant des dosimètres de six intervenants lors d'une opération de décontamination, un incident «négligeable» qui selon l'Autorité de sûreté nucléaire devrait être classé au niveau 0, le plus faible.

«La tranche numéro un était en maintenance et au redémarrage il y a eu un saut de radioactivité, qui a été très bref», a-t-on indiqué à la préfecture de la Vienne.

Le service communication de la centrale d'EDF a de son côté précisé que l'incident s'était produit vers 10h00, entraînant l'évacuation de la douzaine de personnes qui se trouvaient dans le bâtiment dont les intervenants.

Selon la responsable de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour les régions Midi-Pyrénées, Aquitaine et Poitou-Charentes, Anne-Cécile Rigail, l'événement semble «négligeable».

L'alarme des dosimètres de six intervenants - une personne se trouvant au fond de la piscine du réacteur un et cinq autres situées à un autre étage - s'est déclenchée en même temps.

Toutefois, aucune «cause physique» n'a été trouvée pour cette évolution subite, a-t-elle expliqué.

L'alarme de ces appareils se déclenche en cas de dépassement d'un «prévisionnel» de dose de radioactivité à ne pas dépasser, mais n'implique pas forcément un danger pour la santé.

Ainsi, concernant l'intervenant le plus exposé - qui se trouvait dans la piscine - la dose représenterait un vingtième de la dose annuelle autorisée, a précisé Mme Rigail, qui a ajouté que l'incident ne serait sans doute pas classé au-dessus de zéro sur l'échelle Inès des incidents nucléaires.

Concernant les cinq autres, la dose rapportée représente 1/200e de la dose annuelle autorisée, a-t-on appris à la centrale.

Le niveau 0 sur l'échelle des incidents correspond à un simple écart, le niveau 1 à une anomalie, le dernier niveau (7) à une catastrophe type Fukushima ou Tchernobyl.

Trente-cinq incidents ont été déclarés en 2012 à Civaux. Tous été classés au niveau 0 de l'échelle internationale Ines de gravité. En 2013 douze incidents ont été déclarés, onze de niveau 0 et un incident de niveau 1.

La centrale de Civaux, au sud-est de Poitiers, se compose de deux réacteurs à eau pressurisée de 1.450 mégawatts chacun, mis en service en 1997 et 1999.

© 2013 AFP

mardi 2 juillet 2013

En bio, le lupin, ce serait tellement mieux !




Le lupin, graine «miracle» de Terrena pour une filière protéagineuse hexagonale



Yoann Goubaud, agriculteur de la commune de Couffé (Loire-Atlantique), tient des lupins dans ses mains, le 14 juin 2013 Jean-Sébastien Evrard AFP

Couffé (France) - Terrena, un des premiers groupes coopératifs français, veut lancer en France une filière «Lupin», du nom de cette «graine miracle» capable de remplacer le soja dans l'alimentation animale mais aussi de se substituer dans l'alimentation humaine partiellement aux œufs ou aux matières grasses, le tout sans gluten.

«Nous voulons doubler la surface de culture dès 2014», a annoncé lors de la présentation d'un champ de lupins en Loire-Atlantique à la mi-juin Philippe Marquis, responsable de la filière Lup'ingrédients pour Terrena. Il s'agit de passer dans un premier temps à 5.000 ha de cette protéagineuse.

Après une dizaine d'années d'expérimentation pour sélectionner les graines les mieux adaptées au climat des agriculteurs adhérents de Terrena (un gros quart nord-ouest de la France), mettre au point une usine de transformation, un cahier des charges de la culture optimale, tout semble prêt.

Y compris, chose rare, une filière où la demande est déjà deux fois supérieure à l'offre et où la rémunération des agriculteurs qui acceptent de franchir le pas - 400 euros à la tonne, soit sensiblement autant que le colza ou le soja - est très attractive.

«Nous souhaitons nous développer de façon raisonnable pour éviter une surproduction de matière première qui casserait les prix de rémunération des agriculteurs: nous ne voulons développer que ce qui correspond aux débouchés trouvés», explique Philippe Marquis.

«Actuellement la production, avec 250 producteurs pour 2.500 hectares, ne couvre que 40% des débouchés, nous avons besoin de trouver de nouveaux producteurs», explique-t-il.

Le lupin contient 40% de protéines, comme le soja, mais «ce n'est en aucun cas une culture transgénique, à la différence du soja», souligne Yoann Goubaud, agriculteur de la commune de Couffé (Loire-Atlantique) sur l'exploitation duquel a lieu la présentation.

«protéines de terroir»

Il ne tarit pas d'éloges sur cette plante qui permet de produire des «protéines de terroir», et qui, en tant que légumineuse, synthétise l'azote de l'air et le laisse dans le sol, après l'avoir fissuré grâce à sa racine pivot, favorisant l'enracinement de la culture suivante.

Une plante qui ne nécessite en outre, une fois sa culture maîtrisée, que très peu d'intrants (engrais, traitements, etc.) par rapport à ses concurrentes.

Dans le champ de M. Goubaud plusieurs parcelles, différemment cultivées, montrent des lupins en fleurs: seuls, associés au blé en mélange ou bien en alternance de lignes. C'est cette dernière méthode qui emporte les suffrages de M. Goubaud en terme de rendement.

Contrairement au lupin des jardins d'ornement qui présente de longues grappes de fleurs colorées dressées vers le ciel, le lupin destiné à l'agriculture se montre plus arbustif et les grappes de fleurs - blanches dans ce cas - sont nettement plus modestes.

Une fois les fleurs fanées, des cosses duveteuses contenant plusieurs graines, rondes et aplaties en leur centre, font leur apparition sur les étages successifs de la plante.

La récolte, puis le tri lorsque la plante est assortie au blé, se font sans difficulté du fait des tailles différentes: le grain de blé est trois fois moins grand que la fève de lupin.

Dans une usine spécifiquement aménagée par Terrena, le lupin est transformé en farine, en pépites ou en poudre de protéines. Terrena assure notamment l'absence totale de contamination au gluten, car le lupin permet de remplacer avantageusement la farine de blé, avec plus de goût et de couleur que d'autres succédanés, pour les personnes intolérantes au gluten.

Outre les alimentations animales et humaines, le lupin pourrait en outre bénéficier d'un troisième champ de développement: les coques de ses graines présentent une importante concentration en «lupeol», un actif de plus en plus utilisé en cosmétique pour ses propriétés bénéfiques pour la peau.

© 2013 AFP

lundi 1 juillet 2013

C'est de pire en pire au Japon à Fukushima

Fukushima: de l'eau hautement radioactive dans un puits près de l'océan



Des chercheurs de Tepco, à Fukushima, le 6 mai 2011 Tepco

Tokyo - L'opérateur de la centrale accidentée de Fukushima a annoncé samedi avoir découvert des niveaux d'éléments radioactifs encore plus élevés que précédemment dans l'eau souterraine accumulée au pied des réacteurs, dans un nouveau puits creusé plus près de l'océan, et se dit incapable de juger si ladite eau s'écoule ou non en mer.

L'exploitant, Tokyo Electric Power (Tepco), a mesuré un niveau de 3.000 becquerels par litre pour les éléments radioactifs produisant des rayons béta, comme le strontium 90, dans le liquide extrait vendredi dernier d'un nouveau point de prélèvement situé entre les réacteurs et la mer.

Ce niveau est plusieurs dizaines de fois supérieur à la dose limite admise pour de l'eau de mer.

Initialement, Tepco indiquait que l'eau s'était accumulée là où elle avait été prélevée la première fois, c'est-à-dire en un point plus éloigné de l'océan, et n'était pas allée plus loin.

Un renforcement des contrôles montre que tel n'est sans doute pas le cas, puisque le niveau relevé dans le nouveau puits est plus de deux fois supérieur au précédent prélèvement effectué plus en amont.

Sur le fait que la radioactivité de l'eau souterraine à proximité du Pacifique soit plus élevée, Tepco répond: «nous ne connaissons pas la raison, mais l'eau de mer analysée, elle, ne montre pas d'augmentation des niveaux de radioactivité».

La compagnie se garde cependant cette fois d'être trop affirmative et indique «ne pas pouvoir actuellement juger si l'eau radioactive s'écoule ou non dans l'océan voisin».

Tepco promet de renforcer les contrôles.

La centrale Fukushima Daiichi a été ravagée par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est de l'archipel.

La coupure de l'alimentation électrique provoquée par la déferlante a engendré un arrêt des systèmes de refroidissement du combustible qui a fondu dans trois des six réacteurs du site, d'où la présence de nombreux éléments radioactifs alentour.

Les quelque 3.000 travailleurs sur place y découvrent petit à petit l'ampleur des dégâts tout en se battant pour que les pépins qui surviennent régulièrement ne dégénèrent pas en situation incontrôlable.

© 2013 AFP

vendredi 21 juin 2013

Saumon : la Norvège reconnaît que son poisson est dangereux pour la santé !


Le gouvernement norvégien vient d’admettre que le saumon d’élevage norvégien pouvait se révéler dangereux pour la santé, en particulier pour les enfants, les adolescents et les femmes enceintes.

Après plusieurs années de polémiques et une alerte lancée par le journal norvégien "VG", les autorités sanitaires norvégiennes se sont vues contraintes d’admettre que leur saumon d’élevage est dangereux pour la santé. Elles ont même conseillé" à la population de réduire voire dans certains cas de proscrire sa consommation, en particulier chez les personnes sensibles.

En effet, même soumis à des normes d’élevage très strictes, le saumon est en contact avec des produits chimiques qui présentent un risque pour la santé. Anne-Lise Bjorke Monsen, du laboratoire de biochimie clinique de Bergen, explique : "les polluants retrouvés dans le saumon d’élevage ont une mauvaise influence sur le développement du cerveau, et sont associés à l’autisme, à l’hyperactivité et à la baisse de QI".

Un danger pour les enfants et les femmes enceintes
C’est notamment le diflubenzuron, un insecticide considéré comme "hautement toxique pour les organismes aquatiques" par l’Autorité européenne de sécurité alimentaire, qui est retrouvé chez le saumon d’élevage. Or, "cette substance ne dispose pas d’autorisation de mise sur le marché communautaire ou française en tant que médicament vétérinaire", écrivait à son homologue norvégienne, en 2010 déjà, le ministre français de l’Agriculture de l’époque, Bruno Le Maire.

Plus inquiétant encore : d'après Anne-Lise Bjorke Monsen, "on sait aussi que [les polluants] peuvent avoir un effet négatif sur les défenses immunitaires, le système hormonal et le métabolisme. Ils se transmettent aussi par allaitement". Les personnes les plus sensibles à ces polluants seraient donc les jeunes enfants, les adolescents et les femmes enceintes, pour qui la consommation de poisson d'élevage norvégien est désormais fortement déconseillée.

60% de la production mondiale

Malgré les alertes passées, le gouvernement norvégien a donc mis plusieurs années à admettre le risque que son saumon présente. Un retard peu étonnant quand on sait la manne économique que représente le poisson pour le pays. En effet, en 2012, la Norvège a fourni 60% de la production mondiale en saumon qui rapporte chaque année plus de 20 milliards d'euros au pays.

En France, 80% du saumon consommé est d’origine norvégienne et les habitants de l’Hexagone en consomment 2,3 kg par personne et par an. Pourtant, depuis 2006, la Russie a cessé d’importer du saumon d’élevage norvégien, par mesure de précaution.

Publié par Emmanuel Perrin Maxisciences.com

dimanche 16 juin 2013

44% des Européens ont du Glyphosate (Roundup) dans leur organisme ! Quasiment 1 personne sur 2.

Montreuil/Bruxelles le 13 juin, 2013 - Les Amis de la Terre France ont fait faire des analyses qui ont décelé un herbicide, le glyphosate, dans le corps des personnes testées. Les analyses ont révélé que, sur les 10 Français qui avaient accepté de faire analyser leurs urines, 3 étaient contaminés et présentaient des traces de glyphosate dans leurs urines.

Ces résultats sont en concordance avec les tests menés dans 17 autres pays européens, qui montrent que 43,9 % de tous les échantillons contiennent des traces de ce produit chimique [i]. Tous les volontaires qui ont donné des échantillons d’urines vivent en ville et aucun d’entre eux n’a utilisé, ni manipulé des produits à base de glyphosate dans la période précédent les tests. C’est la première fois qu’un tel test de contrôle est mené en Europe pour détecter la présence de ce désherbant dans le corps humain.

Le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé dans le monde. Il est employé par les agriculteurs, les collectivités locales et les jardiniers. Certaines plantes modifiées génétiquement (OGM), importées en Europe pour nourrir les animaux d’élevage, sont généreusement traitées au glyphosate. Le premier fabricant mondial de glyphosate est Monsanto qui le vend sous la marque « Roundup ». Bien qu’il soit couramment utilisé, les autorités gouvernementales ne contrôlent que rarement sa présence dans les denrées alimentaires ou dans l’eau.

Pour Christian Berdot des Amis de la Terre France, « Après tous les scandales sanitaires récents, découvrir maintenant un herbicide dans le corps humain ne peut qu’inquiéter. Nous sommes exposés quotidiennement à ce produit, pourtant, on ne sait pas comment il pénètre dans nos corps et peu de choses sont connues sur sa dissémination dans l’environnement ou sur ces conséquences néfastes pour notre santé. Alors que c’est l’herbicide le plus utilisé en Europe, il scandaleux que les pouvoirs publics ne contrôlent que rarement s’il y a du glyphosate dans nos aliments et dans l’eau potable. Pourtant, quand on fait ces recherches, comme les Amis de la Terre, il s’avère que la contamination humaine est répandue. »

En Europe, les agriculteurs emploient beaucoup le glyphosate pour désherber leurs champs avant les semences ou avant la levée ainsi que dans les vignobles. Ils l’épandent aussi souvent sur les céréales, le colza, le maïs et le tournesol juste avant la moisson, pour sécher la récolte. En France, c’était la substance “phytosanitaire” la plus utilisée entre 2008 et 2011 [ii]. En 2011, l’AMPA – métabolite entre autres du glyphosate - était présent dans plus de 60 % des cours d’eau français testés et le glyphosate dans plus de 30 % . En 2010, l’Agence de l’Eau de Seine-Normandie reconnaissait même que « le glyphosate était présent dans l’eau potable à des concentrations supérieures à la norme » .

Actuellement, 14 OGM sont en attente d’autorisation pour être cultivés en Europe. Selon certaines études, si le feu vert est donné à ces OGM, les volumes de glyphosate utilisés en Europe pourraient augmenter de 800 %.

Christian Berdot conclut : « Il est particulièrement choquant que des entreprises comme Monsanto aient déposé des demandes d’autorisation pour cultiver en Europe des OGM tolérants au glyphosate, ce qui ne peut qu’augmenter encore les volumes de cet agro-toxique déversés sur les champs. Les Amis de la Terre demandent que les pouvoirs publics français et européens mettent enfin en place des mesures de contrôle pour protéger les citoyens et l’environnement. »

Pour plus d’informations, et de nombreuses fiches d’informations sur le Roundup : http://www.amisdelaterre.org/L-herbicide.html

samedi 15 juin 2013

Mourrez bien brave gens... du moment qu'eux partent aux caraibes et profitent de leur argent !


Pesticides : les preuves du danger s'accumulent

LE MONDE par Paul Benkimoun et Stéphane Foucart




En dépit des dénégations des industriels du secteur, les pesticides sont bel et bien impliqués dans un grand nombre de pathologies lourdes – cancers, maladies du sang, troubles neurologiques, malformations, etc. – dont l'incidence tend à augmenter dans le monde. C'est l'idée-force d'une impressionnante expertise collective menée sur l'ensemble des connaissances internationales actuelles, et pilotée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui l'a rendue publique jeudi 13 juin.

Cette synthèse rassemble les données épidémiologiques issues de nombreux pays (Etats-Unis, Canada, Australie, Finlande, Danemark, etc.), qui précisent les effets sanitaires des principaux produits phytosanitaires : insecticides, herbicides et fongicides. Une grande part du rapport concerne les expositions professionnelles (agriculteurs, ouvriers du secteur agrochimique, etc.), mais aussi les personnes vivant ou travaillant dans ou à proximité de zones agricoles. En France, terre d'agriculture, 15 % de la population sont ainsi concernés.

"AUGMENTATIONS DE RISQUES SIGNIFICATIVES"

Après avoir passé au crible la littérature scientifique internationale, les experts concluent que l'exposition à des pesticides conduit à "des augmentations de risques significatives pour plusieurs pathologies".

C'est ainsi que chez les agriculteurs, les ouvriers de l'industrie qui fabriquent ces produits ou ceux qui les appliquent, il y a une "présomption forte" d'association entre une exposition professionnelle aux pesticides et la survenue de certaines proliférations malignes de cellules lymphoïdes (lymphomes non hodgkiniens) et de cancers de la prostate. Les agriculteurs et les applicateurs de pesticides sont également exposés à un risque accru de myélome multiple, une autre prolifération maligne dans la moelle osseuse. Et ce n'est pas tout. Que ce soit dans le cadre d'expositions professionnelles ou non, les adultes présentent un plus grand risque à développer une maladie de Parkinson.

Un lien avec d'autres pathologies comme les tumeurs du système nerveux central est aussi suspecté. En Gironde, par exemple, région viticole très consommatrice de pesticides, l'incidence de ces maladies est trois fois supérieure au niveau national. Entre 2000 et 2007, elle a augmenté de 17 %.

"ATTENTION AU SYNDROME DU RÉVERBÈRE"

Les travaux internationaux examinés mettent en lumière un autre fait majeur : la période de vulnérabilité que représente la grossesse. "Il y a une présomption forte d'un lien entre une exposition professionnelle de la femme enceinte à certains pesticides et un risque accru pour l'enfant de présenter un hypospadias ou de développer, plus tard, un cancer cérébral ou une leucémie", constate l'épidémiologiste Sylvaine Cordier (Inserm, université Rennes-I) et coauteure du rapport. Selon des données internationales, l'exposition professionnelle du père ou de la mère augmente de 30 % à 53 % le risque de tumeurs cérébrales de l'enfant à naître.

Les agricultrices enceintes ne sont pas les seules concernées. Celles qui habitent dans des zones agricoles d'épandage ou celles qui utilisent les pesticides à des fins domestiques le sont également : "Des études montrent un risque augmenté, pour l'enfant à naître, de leucémies, de troubles de la motricité fine, de déficit cognitif, de troubles du comportement comme l'hyperactivité", ajoute Mme Cordier.

Si les preuves sont suffisantes pour agir vis-à-vis de certains produits – les organochlorés et les organophosphorés –, Jean-Paul Moatti, directeur de l'Institut thématique "Santé publique" commun aux organismes de recherche publics français met en garde : "Attention au syndrome du réverbère où l'on ne regarde que ce qui est éclairé. Notre expertise collective pointe le développement de nombreuses pathologies, mais de futurs travaux pourraient découvrir des effets insoupçonnés des pesticides analysés, ou mettre en évidence la toxicité d'autres substances."

DES DÉCISIONS POLITIQUES ATTENDUES

Les auteurs recommandent donc d'"améliorer les connaissances sur l'exposition des populations" et d'obtenir la composition complète des produits mis sur le marché, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, les formules commerciales restant protégées par le secret industriel. En Europe, ces données ne peuvent être réclamées par un seul pays – comme aux Etats-Unis –, car elles relèvent de la règlementation communautaire.

"Si les auteurs de cette large expertise réclament surtout que l'on fasse plus de recherche, dit de son côté François Veillerette, porte-parole de l'association Générations futures, ils n'en tirent pas moins des conclusions très fortes, qui doivent mener à des décisions politiques : vente des pesticides interdites à des utilisateurs non professionnels ou interdiction pour les collectivités publiques d'y avoir recours..."

Retirer du marché les produits est parfois nécessaire mais pas toujours suffisant. Les scientifiques le savent bien. "De nombreux produits ont été interdits mais les plus persistants demeurent présents dans l'environnement ou s'accumulent dans la chaîne alimentaire, dont l'homme constitue le dernier maillon." Pour le député socialiste Gérard Bapt, qui avait déjà lancé l'alerte sur les dangers sanitaires du bisphénol A, et qui a organisé la présentation des résultats de l'expertise à l'Assemblée nationale, "ce travail montre l'ampleur du problème en matière de santé publique. La question est de savoir si, comme dans le cas du chlordécone aux Antilles, nous n'avons pas dépassé le point de non-retour".

Une production mondiale en forte progression

Marché 
 En 2011, le marché mondial des pesticides s'élevait à 44 milliards de dollars (33 milliards d'euros), en progression de 13,6 % par rapport à 2010. 27,7 % de ce chiffre d'affaires est réalisé en Europe. Viennent ensuite l'Asie, de l'Amérique latine, l'Amérique du Nord et de l'Afrique.

Utilisation 
Les Etats-Unis constituent le premier consommateur mondial de pesticides. Suivent l'Inde, la France et l'Allemagne. Rapporté à l'hectare cultivé, le Japon arrive en tête (12 kg/ha) devant l'Europe (3 kg/ha), les Etats-Unis (2,5 kg/ha) et l'Inde (0,5 kg/ha).
En Europe, le marché phytosanitaire est dominé par les herbicides et les fongicides.

vendredi 31 mai 2013

La vie n'appartient à personne et à tous !

Des Etats-Unis à l'Europe, à qui appartiennent les plantes cultivées ?

Le Monde.fr . Par Angela Bolis


Lundi 13 mai, Monsanto remportait son procès contre Vernon Hugh Bowman, un agriculteur américain de 75 ans. L'homme avait acheté, en plus de ses semences de soja transgénique à Monsanto, d'autres graines en mélange à un producteur local, pour effectuer une récolte complémentaire à moindre coût. Cette récolte, il en a gardé une partie pour la resemer l'année suivante. Or, dans un Etat où 95 % du soja cultivé est transgénique, la plupart de ces graines détenaient le caractère du Roundup Ready, breveté par Monsanto, qui permet à la plante de résister à l'herbicide Roundup vendu par la même firme. Pour les avoir semées sans payer Monsanto, le fermier a été condamné à verser à la firme 85 000 dollars.

Lire (en édition abonnés) : OGM : Monsanto gagne face aux petits agriculteurs

Si l'affaire est devenue emblématique des conflits entre firmes et agriculteurs sur la question des brevets, elle est loin d'être exceptionnelle : Monsanto est passé maître dans l'art de contrôler, via sa "police des graines", les champs des cultivateurs américains, et il n'en est pas à sa première bataille judiciaire (lire l'encadré ci-dessous). Fin 2012, le groupe avait déjà empoché 23 millions de dollars (18 millions d'euros) de dommages et intérêts dans le cadre de procès pour violation de brevets. Mais cette fois, c'est la firme elle-même qui a voulu l'ériger en symbole de la protection de sa propriété intellectuelle – avec un site Web spécifique à l'appui, et le soutien d'acteurs de poids comme l'Alliance de producteurs de logiciels (Apple, Microsoft...), des universités, ou encore le département de la justice américain.

Lire : La guérilla judiciaire des géants des semences contre les fermiers américains


AUX ÉTATS-UNIS, LE BREVET

Dans cette affaire de Monsanto contre M. Bowman, la Cour a justifié sa décision en expliquant qu'il est interdit de copier un produit breveté (soit, en l'occurrence, resemer les graines récoltées), sans quoi "un brevet perdrait toute sa valeur dès la première vente", ce qui "résulterait en une baisse de l'incitation à l'innovation". Cette position de la justice américaine est fidèle au principe du brevetage des plantes, adopté aux Etats-Unis dès 1930. Ces brevets ne s'appliquent pas seulement aux OGM, mais ont connu un boom avec le développement des biotechnologies – dans un pays où 93 % du soja cultivé, 88 % du coton et 86 % du maïs sont génétiquement modifiés (en 2010), d'après le Center for food safety (PDF).

Le brevet, "directement inspiré du droit industriel, ne prend pas en compte la spécificité du vivant", explique l'interprofession française des semenciers, le GNIS. Il interdit à quiconque d'utiliser la variété protégée à titre expérimental ou pour la recherche, mais aussi, et surtout, pour faire des semences de ferme : traditionnellement, les agriculteurs sélectionnent et resèment ainsi leurs propres graines issues de leur récolte, ce qui leur permet de réduire leurs coûts et de gagner en autonomie, mais aussi de favoriser l'adaptation des plantes aux conditions locales. Le système du brevet les oblige donc à racheter chaque année leurs graines aux semenciers – au premier rang desquels Monsanto, dont la technologie Roundup Ready est par exemple présente dans 94 % des variétés de soja OGM et 70 % du maïs OGM.

Lire aussi : Le 'Monsanto act' met les OGM au-dessus de la loi aux Etats-Unis


EN EUROPE, LE CERTIFICAT D'OBTENTION VÉGÉTALE...

En Europe, les variétés végétales ne sont pas brevetables. C'est le Certificat d'obtention végétale (COV) qui, depuis 1961, tient lieu de droit de propriété intellectuelle en agriculture. A l'inverse du brevet, ce dernier permet d'utiliser la variété à des fins de recherche et d'expérimentation, mais aussi en semences de ferme, à condition que l'agriculteur paie une redevance au propriétaire du COV. Cette dernière règle a été introduite en France par la loi de novembre 2011, qui a mis fin à un flou juridique en autorisant les semences de ferme – taxées –, pour 21 variétés de cultures agricoles (céréales, fourrages, pomme de terre...) uniquement.

Lire : Pour les agriculteurs, ressemer sa propre récolte sera interdit ou taxé

Pour obtenir un COV, la variété doit être homologuée selon certains critères : la distinction, à savoir son originalité par rapport aux variétés existantes, l'homogénéité entre ses différents individus, et la stabilité de ses caractéristiques après reproduction. En dehors de ces critères standardisés, point d'inscription au catalogue officiel ni, jusqu'à présent, d'autorisation de commercialisation. Au final, ces variétés protégées par COV correspondent à 99 % des plantes cultivées en France, selon Delphine Guey, du GNIS.

... MAIS DE PLUS EN PLUS DE BREVETS SUR LES GÈNES

Aux côtés du COV existe aussi, en Europe, le brevet sur les végétaux. Non pas pour la variété entière, mais uniquement pour un de ses gènes – qu'il soit obtenu par sélection et croisement classiques, ou par introduction, par transgenèse, dans les cellules de la plante. Du coup, c'est ce caractère génétique que le propriétaire du brevet détient exclusivement – même s'il se retrouve, par propagation, dans les plantes du champ voisin.

En France, on ne trouve pas encore de végétaux brevetés dans le commerce. Mais les brevets accordés sur les fruits et légumes se multiplient en Europe. Récemment, le groupe d'agrochimie Syngenta a par exemple reçu un brevet sur son melon baptisé EP1587933, issu d'un croisement avec un melon indien, pour le caractère doux et amer de son goût. Du coup, la firme revendique la propriété sur tous les melons qui détiennent cette teneur, précisément mesurée, en acidité et en sucre, explique l'ONG "No patent on seeds". Grâce à ces brevets, "Monsanto et Syngenta détiennent ensemble déjà plus de 50 % des semences de variétés de tomates, poivrons et choux-fleurs enregistrées dans l'UE", alarme ainsi l'ONG Swissaid (PDF), qui s'inquiète de la concentration accrue de ce marché agroalimentaire.

Autre inquiétude des agriculteurs : le brevet est beaucoup plus facilement détectable que le COV. Dans le premier cas, il suffit d'un test pour identifier le gène protégé. Dans le second, puisque les plantes resemées par l'agriculteur ne sont pas des clones et varient toujours de la récolte précédente, difficile pour le détenteur du COV de prouver qu'il s'agit de sa variété. Le brevet renforce donc le contrôle sur les semences de ferme, estime Guy Kastler, du réseau Semences paysannes.

RÉFORME DES SEMENCES : UNE OUVERTURE ACCRUE AUX BREVETS ?

L'Union européenne prépare actuellement une réforme majeure du marché des semences – qui doit entrer en vigueur à l'horizon 2016 après approbation, par le Parlement et le Conseil européen, des propositions de la Commission. Elle ambitionne de protéger la diversité et la productivité agricole en Europe, et de faciliter la commercialisation des variétés industrielles. Mais derrière ce but affiché, elle "place toutes les semences sous le contrôle direct des titres de propriété de l'industrie, certificats d'obtention végétale et brevets", dénonce le réseau Semences paysannes, faisant écho à l'opinion d'écologistes et défenseurs du droit des paysans.

Lire (en édition abonnés) : Bruxelles renforce la mainmise des grands groupes sur la commercialisation des semences agricoles

Parmi les nombreuses implications de ce paquet législatif, certaines concernent donc la propriété sur les semences. Il en est ainsi du catalogue officiel, qui recense les quelque 30 000 variétés autorisées en Europe, et qui sera désormais géré par l'Office communautaire qui délivre les titres de propriété sur les variétés, financé par les entreprises-mêmes qui détiennent les COV. Autre mesure : les agriculteurs qui produisent des semences – dont des semences de ferme – seront enregistrés sur un fichier, qui pourra faciliter les contrôles s'ils utilisent des semences échangées entre eux (ce qui est interdit), ou sous protection d'un COV.

Surtout, cette réforme ouvre au marché européen les semences hétérogènes, jusqu'ici interdites car elles ne correspondent pas aux critères d'homogénéité nécessaires à leur inscription au catalogue. Cette nouveauté doit, certes, bénéficier aux nouvelles sélections biologiques ou paysannes qui échappent à ces critères standardisés. Mais elle facilite, par la même occasion, l'accès au marché de variétés brevetées – dont certaines, les dernières générations d'OGM surtout, ne sont pas assez stables ou homogènes pour satisfaire à ces critères d'homologation, selon Guy Kastler. Pour l'agriculteur anti-OGM, "on sait que si on a gagné cette bataille, c'est parce que les biotechnologies voulaient la même chose".

Angela Bolis Comment Monsanto surveille les fermiers américains

"Les agriculteurs les appellent 'la police des graines' et utilisent des mots comme la 'gestapo' ou la 'mafia' pour décrire leurs tactiques", relate un article de Vanity Fair. Le reportage montre comment des inspecteurs de Monsanto viennent observer dans leurs champs les agriculteurs susceptibles de violer les brevets sur leurs variétés OGM, enregistrent des vidéos, prennent discrètement des échantillons de leur culture pour les faire analyser, ou encore encouragent les fermiers à dénoncer leurs collègues via un numéro en libre appel.

Sans compter les intimidations : le magazine rapporte notamment le témoignage de Gary Rinehart, qui a reçu la visite, par erreur, d'un de ces inspecteurs dans sa boutique du Missouri. Celui-ci lui a assuré qu'il avait la preuve qu'il avait planté des graines de soja OGM sans contrat avec la firme, avant de lui asséner : "Monsanto est grand. On t'aura. Tu paieras." Quand Vanity Fair a contacté Monsanto sur ces pratiques, la firme a seulement expliqué qu'elle "dépensait plus de 2 millions de dollars par jour dans des recherches pour identifier, tester, développer et mettre sur le marché de nouvelles semences innovantes et des technologies qui bénéficient aux agriculteurs".

Fin 2012, Monsanto avait empoché plus de 23 millions de dollars (18 millions d'euros) de dommages et intérêts de la part de fermiers américains, après avoir intenté pas moins de 142 procès pour violation des brevets contre 410 agriculteurs et 56 petites entreprises agricoles. Mi-février, un rapport du Center for food safety intitulé "Les géants des semences contre les fermiers américains" expliquait que l'entreprise emploie 75 personnes et un budget de 10 millions de dollars pour ces poursuites judiciaires. Ce contrôle tenace inquiète aussi les agriculteurs qui n'ont pas acheté de semences Monsanto, mais dont les champs, entourés de cultures OGM, sont susceptibles de se faire contaminer.

jeudi 30 mai 2013

Une souche de bactérie contre laquelle les traitements antibiotiques sont inefficaces pourrait être à l'origine de graves infections alimentaires.

Le Point.fr

Une souche de bactérie contre laquelle les traitements antibiotiques sont inefficaces pourrait être à l'origine de graves infections alimentaires.

La salmonelle en cause a été récemment détectée dans des élevages de dindes de plusieurs pays d'Europe. © GILE / SIPA

La bactérie Salmonella kentucky (S. kentucky) envahit actuellement la planète à toute allure, ce qui pourrait entraîner de multiples infections d'origine alimentaire. Des chercheurs des Instituts Pasteur de Paris et du Maroc sonnent l'alarme sur le site du journal The Lancet Infectious Diseases. Selon leur étude, après avoir connu une expansion spectaculaire sur le continent africain et au Moyen-Orient, cette bactérie résistante à plusieurs classes d'antibiotiques s'est récemment implantée en Inde et en Asie du Sud-Est où elle a "enrichi" sa panoplie de résistance en devenant insensible aux médicaments les plus récents. Enfin, elle a été récemment détectée dans des élevages de dindes de plusieurs pays d'Europe.

Les bactéries du genre Salmonella figurent parmi les plus importantes causes d'infections alimentaires chez l'homme, rappelle le Dr François-Xavier Weill, spécialiste à l'Institut Pasteur à Paris. Transmises par le biais d'une large variété d'aliments contaminés (viande, oeufs et produits laitiers), elles sont responsables de gastro-entérites pouvant être très sévères en particulier chez les enfants, les personnes âgées et les personnes à l'immunité défaillante.

La première souche de Salmonella kentucky résistante à plusieurs antibiotiques a été isolée en décembre 2002 chez un Français tombé malade lors d'une croisière sur le Nil. Depuis, une surveillance étroite de cette bactérie a été menée par le centre national de référence* à l'Institut Pasteur à Paris. L'équipe du Dr François-Xavier Weill, le responsable de ce CNR, a ainsi isolé des milliers de souches chez des voyageurs ou migrants au cours d'un voyage en Égypte ou en Afrique de l'Est, puis en Afrique du Nord (Maroc principalement), au Moyen-Orient et enfin en Afrique de l'Ouest.

Nouvelles résistances

Ces auteurs s'inquiètent de l'expansion des zones de contamination de S. kentucky et de sa capacité à acquérir de nouvelles résistances. Chiffres à l'appui, ils montrent son impressionnante implantation, en particulier sur le pourtour méditerranéen. Ils mettent également en évidence une tendance peu rassurante : un certain nombre de souches récemment acquises sur le bassin méditerranéen présentent un spectre de résistance dirigé contre l'ensemble de classes d'antibiotiques utilisées pour traiter les salmonelloses sévères. Si le problème devait s'étendre, "la conséquence directe serait une menace d'épidémies au sein même de l'Europe et avec des risques d'impasse thérapeutique", prévient le Dr Simon Le Hello, coresponsable du CNR.

En 2011 déjà, la même équipe pasteurienne avait sonné l'alarme en révélant l'émergence de S. kentucky dans les pays africains et au Moyen-Orient, et en identifiant comme réservoir principal en Afrique la volaille (poulets et dindes). Selon les chercheurs, la bactérie aurait pu acquérir une série de résistances en raison du recours massif aux antibiotiques dans les élevages africains. C'est pourquoi, aujourd'hui encore, ils mettent en garde contre l'utilisation non réglementée et à outrance de ces médicaments dans les élevages de pays en développement. Et ils lancent un appel pour que cette bactérie soit désormais incluse dans les programmes nationaux de contrôle des salmonelles dans les filières aviaires.

* CNR des Escherichia coli, Shigella et Salmonella situé au sein de l'Unité des bactéries pathogènes entériques